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Chez moi ? c'est...

« Chez moi c’est… » fut le sujet du concours Mondoblog 2014 …

Sujet qui tomba justement à un moment où je me posais moi-même la question… et sujet que je découvris à sa date limite pour y participer. Ainsi ma première réaction fut… mmmm bonne question…. et puis l’appel du cœur me poussa un vif : tentons ! le concept de cette plateforme, c’est ça ! les valeurs, mes aspirations, mes envies d’actions pour ce monde ! tentons ! Un appel fou et intense confirmant l’évidence.

Ainsi commença l’aventure Mondoblog pour écrire sur un sujet qui me semblait à première vue ambigu en son instant T et dans une situation qui me semblait tout aussi délicate. On pourrait penser que d’être dans un pays de la vieille Europe, un accès Internet et un petit coin de paix pour écrire est chose aisée… et pourtant l’écriture est un « luxe », bien que vrai besoin d’expression et de partage viscérale, que je réalisa de plus en plus, plus je me baladais de lieu en lieu pour trouver un petit havre de paix que je pouvais élire domicile le temps de laisser libre court au flot de l’émotion avec joie.  

Croyant aux belles coïncidences de la vie, ce sujet arriva à un moment où ma propre démarche se dessinait et affirmait que chez moi finalement c’est un chemin, une exploration de ce monde suivant et mouvant au gré de l’intuition du moment…

 Avec mon petit ordinateur, avec lequel je me balade en ce monde, de rues en rues d’une douce nuitée londonienne, je me mis donc à écrire au flot de l’émotion et ressenti fortement par la même occasion, avec immense joie, que chez moi c’est… vraiment ici et partout.

L’équipe Mondoblog me fit l’honneur et la merveilleuse surprise de recevoir positivement mon partage sur le sujet ! Avec émotion je reçus la nouvelle il y a quelques jours… nouvelle que je mis presque trois jours à réaliser en sautant un peu partout claquant des mains comme un petit enfant venant d’apprendre un nouveau mot et embrassant les gens spontanément sans même un mot, en répétant wouah… mon rêve… et juste une vive envie de partager ma joie, qu’encore timidement j’effleure tel un bijou précieux dans son écrin… tant je me sens honorée par cette invitation de faire partie de ce beau projet qu’est la plateforme Mondoblog, réseau d’espoirs, réseau d’expressions diverses représentant et honorant la beauté de la diversité humaine comme richesse !

Quel Honneur ! et tant de choses que je veux partager qui se bousculent déjà en tête ! et puis finalement si on commençait  par le commencement…

Chez moi ? c’est… ici et partout.

Ici et partout est certainement le sentiment le plus proche de mon ressenti actuel par rapport à chez moi. Au lendemain d’un énième déménagement imprévu et précipité, d’une petite chambre sous les combles d’une petite baraque de la banlieue londonienne, nous avons du vider les lieux en une nuit…

Nouvelle assez perturbante, sachant que le propriétaire nous a mis au courant il n’y a que deux jours seulement que la location que nous occupions et chérissons depuis deux ans n’était pas tout à fait aux normes légales du pays si l’on peut l’exprimer ainsi…

Au-delà de l’aspect inattendu, incongru, surréaliste de la nouvelle, nous avons donc du faire face à cette réalité et se mobiliser, moi et les seize colocataires de cette petite baraque pour balayer deux ans de construction de notre nid en une nuit n’aspirant pas contribuer davantage à une telle situation. Hier fut donc la fin de deux intenses années balayées en une nuit…

Cette nuit, chez moi, c’est donc mon sac à dos ici et partout, partout où l’on se sent spontanément chez soi comme en un petit café grec, puis un autre marocain de la banlieue ouest de Londres aux petits sofas, coussins et ambiance suffisamment confortable pour que l’on se sente suffisamment à l’aise pour ôter chaussures et mélanger son petit thé directement à la théière comme à la maison d’ici et partout.

Le traumatisme de quitter le petit nid en un jour fut certainement l’aspect inattendu et surtout le fait de quitter mes frères et sœurs avec qui nous avons partagé et appris tant en deux ans de cohabitation en un lieu incongru, chaotique, où l’eau et l’électricité nous faisaient l’honneur de leur présence selon les aléas et intensités des rythmes du restaurant aux saveurs de la vieille Byzance du rez-de-chaussée, mais auquel nous étions attachés avec étrange affection.

Cette cohabitation de seize âmes de toute part du monde fut une expérience déterminante dans mon ressenti de ce qui est chez moi aujourd’hui. Frères et sœurs du Pakistan, d’Inde du Nord, du Sud, Malaisie, Chine, Cameroun, Hongrie, Roumanie, Turquie, Kurdistan, Lituanie, Italie et moi-même, petite franco-turque au milieu de cette riche diversité, avons partagé joies, peines, colères, doutes et enfin le beau et merveilleux cadeau qui est celui de l’apprentissage d’une communication implicite universelle, au-delà des langues, des codes culturelles, sociaux, de ressentir profondément le lien nous unissant davantage que les différences nous séparant, de partager avec immense joie ce sentiment allant même jusqu’à finalement se sentir être
une famille ayant créée nos propres et nouvelles modalités de vivre ensemble en harmonie.

Par la même occasion, je m’interrogea sur ma propre motivation à changer de pays depuis six ans et à vivre en communauté internationale. Depuis plusieurs années, je réalisa que ma motivation initiale pour explorer d’autres horizons fut aussi motivée par une déception liée à mon environnement natal. Explorer d’autres horizons fut le pas qui m’a permis par la suite de prendre conscience et d’apprécier de nouveau la particularité de mon village natale en terre bretonne aux saveurs teintées de galette pur beurre certifiée produit de Bretagne et de baklavas et autres saveurs importées de la vieille Constantinople.

Par la suite, la motivation animant mes pas durant les six années suivantes fut de découvrir, partager, et vivre d’autres modes de vie et de relations par rapport à la vie ayant ressenti la force de l’apprentissage par le vécu et le partage humain.

Des montagnes du sud mexicain, en passant par les villages marocains, italiens et la cosmopolite banlieue londonienne, un sentiment spontané, doux et intense à la fois, accompagne chacun de mes pas, que ce soit en différents pays, réalités sociales, culturelles, situations, du voyage en bus à l’achat du vital pain quotidien, le sentiment que je suis un enfant du monde, sentiment qui résonne en mon cœur et tout mon corps à chaque claquement de talon au sol.

Enfant non d’un pays avec frontières, mais enfant de la Terre, enfant d’une langue universelle, celle des rêves, des peurs, des amours, des peines et surtout des joies, des sourires, des regards, des présences qui nécessitent aucun mot, que tout frère, sœur, père, mère, grand-père et grand-mère rencontrés en chemin m’ont bien fait ressentir que nous partagions, me faisant sentir naturellement chez moi ici et partout.

l.a.

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Auteur·e

leylacrescente

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